Halte au brainstorming à tout va. L’idéation est au service du design challenge…

et pas l’inverse.

Trop souvent, les personnes résument le Design Thinking à la seule étape de l’idéation.

Il faut dire que le brainstorming a quelque chose de séduisant : c’est un moment animé, où l’on encourage la nouveauté, le fait de penser différemment. C’est visuel, c’est coloré, il y a des post it partout, les gens travaillent en équipe, s’amusent, passent une ou plusieurs journées hors de leur cadre de travail.

Il peut être tentant de développer une forme de « pensée magique » autour des ateliers de créativité. D’imaginer qu’il suffirait de réunir des personnes de divers horizons afin de les faire réfléchir ensemble pour que surgissent mille et une idées inattendues, porteuses de renouveau et de succès.

De mon point de vue, faire venir des personnes dans une salle pour concevoir ensemble sans travail préparatoire relève à imaginer un produit basé sur des préconceptions, des présupposés et des préjugés, ce qui est justement ce que le Design Thinking cherche à tout prix à éviter.

Comment espérer que des personnes sachent intuitivement ce qu’il conviendrait de faire sans avoir pris la peine de rencontrer, d’observer, de questionner les personnes à qui elles destinent leur travail ?

Selon moi, l’idéation ne devrait jamais être une fin en soi. Les anglo-saxons parlent plus volontiers de Creative Problem Solving, formule que je trouve infiniment plus proche de la réalité.

Dans une démarche de conception intentionnelle, ce qui résulte d’un exercice de créativité ne sera jamais qu’à la hauteur de la formulation de la problématique de départ, du design challenge qui va poser les objectif de l’exercice de conception.

Si le design challenge n’est pas formulé, ou pas défini de façon suffisamment claire, n’attendez rien de vos exercices d’idéation.

Le design thinking ne consiste pas à être créatif, le design thinking est la proposition d’articuler un exercice de conception autour de questions fondamentales auxquelles il convient d’avoir répondu avant de pouvoir imaginer quoi que ce soit.

Dans les projets de conception que j’ai la chance d’accompagner, ces questions sont les suivantes :

  • Au service de quels objectifs du commanditaire ce projet voit-il le jour ?
  • Quelles contraintes techniques devons-nous immédiatement prendre en compte dans la production ultérieure de ce que nous allons proposer ?
  • A qui destinons-nous notre travail ?
  • Quels sont les critères évaluatifs que ces personnes utilisent actuellement pour déterminer ce qui fait sens pour elles ? Ce qui a de la valeur et ce qui n’en a pas ?
  • Quels problèmes devons-nous résoudre pour ces personnes ? Quels objectifs devons-nous mieux les aider à atteindre ?
  • Quels sont les obstacles que ces personnes rencontrent actuellement dans l’utilisation de solutions alternatives à la notre, et que devons-nous tenter de changer dans leur vie pour espérer leur contentement ?

L’ironie du design challenge étant bien évidemment que, s’il est formulé correctement, la solution émerge presque d’elle même, tellement ce que l’on doit faire semble évident lorsque l’on sait pour qui et pour quoi l’on travaille…

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